Je suis freelance. Il y a un peu plus d’un an, je me lançais totalement à mon compte. En réalité, j’ai crée mon auto-entreprise il y a plusieurs années, bientôt 4 ans, mais je m’en servais comme revenu complémentaire et ponctuel. Aujourd’hui, j’en vis complètement, j’ai fait des erreurs, j’ai travaillé avec les mauvaises personnes, mais j’ai aussi été soutenue, épaulée, encouragée. Voici donc mon bilan et mes conseils avant d’être freelance et se lancer dans la vie géniale d’entrepreneur !

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Mon parcours avant d’être freelance

Je pense qu’il est important de faire un petit rappel de mon parcours scolaire et professionnel pour comprendre comment je suis arrivée à être freelance à 23 ans puis à en vivre à 25 ans. Après un bac littéraire option arts plastiques, je rentre sur concours à l’École Nationale Supérieure d’Arts et de Design de Nancy d’où je sors 5 ans plus tard avec un DNSEP en design graphique et photographie. Après mes études, je pars huit mois à Chaumont, au Centre national du graphisme qui deviendra le Signe. Là-bas, j’apprends les bases de la médiation culturelle et de la création d’ateliers pour tout type de public. J’apprends aussi à gérer des groupes d’enfants, d’adolescents et d’adultes pendant des visites commentées. Cette expérience me permet de mettre en pratique ce que j’ai appris durant mes études y compris la photographie d’exposition.

Suite à cette expérience, je prends plusieurs mois pour réfléchir sur mon avenir professionnel, je finis par déménager à Toulon pour démarrer un nouveau travail en tant que graphiste au sein d’une entreprise. Expérience plutôt infructueuse pour de nombreuses raisons, notamment la pression imposée par mes supérieurs, les heures non payées et non récupérées, les insultes… Bref. Six mois plus tard, je rentre au sein d’un studio de création mais en tant que freelance cette fois. En sommes, le studio me sous-traite une partie de ses créations. Les choses se passent bien pendant quelques mois puis un matin, après avoir passé plusieurs semaines sur un projet, le client et le directeur du studio se disputent et le client part sans payer, du coup je ne le suis pas non plus. Puis les impayés s’enchaînent et après avoir récupéré mon dût, je m’en vais.

Nous sommes donc fin 2018, me voilà à nouveau seule. Et ce fut la meilleure chose qui me soit arrivée professionnellement parlant. Je crois que je n’étais tout simplement pas faites pour travailler dans des bureaux, ni pour être exécutante ou sous-traitante. Je trouve alors mon premier client régulier, puis un deuxième, puis un troisième… Manon Suène Pradier devient Des-Sources-Studio.fr et accueille même son tout premier stagiaire durant 6 semaines en ce début 2020 !

Mon bilan de l’année 2019

Sincèrement, j’ai passé une année professionnelle incroyable. J’ai aujourd’hui des clients qui me font confiance, qui aiment mon travail photographique et avec qui j’ai une réelle communication. J’ai eu le temps de développer le blog, de faire plusieurs voyages presse notamment à Moustiers-Sainte-Marie, Biscarosse et Annecy, je peux me consacrer à l’association de danse tahitienne dont je fais partie Reva i Tahiti notamment à travers mes compétences en photographie et gestion des réseaux sociaux, aux côtés de Mareva Bouchaux pour la Flashmob internationale de danse tahitienne… J’ai même parfois le temps d’aider les copains entrepreneurs à mieux gérer leur communication.

Gérer mon temps seule me permet entre autre de me consacrer à des projets qui ne me rapportent pas forcément financièrement mais humainement, qui m’enrichissent. J’ai aussi appris à refuser de travailler avec certaines personnes même quand les contrats sont bien payés lorsque je ne suis pas d’accord avec les valeurs du projets. être freelance et donc mon propre chef me permet d’avoir le choix. Chacune de mes expériences houleuse ou ratée m’a permise de créer une grille de valeur, d’affiner mes conditions, mes tarifs… Côté chiffre d’affaire, il ne fait qu’augmenter ce qui est plutôt bon signe ! Vivre de son entreprise en un an est quelque chose de rare, mais possible!

Mais Manon … Tu fais quoi exactement ?

Plein de choses ! Mon travail se divise en trois grands axes : photographie, community management et design graphique. C’est à dire que je gère l’image des entreprises sur internet mais je crée également les contenus qui seront publiés ainsi que les textes. Je crée des logotypes et des identités graphiques complètes, des sites internet… Mais aussi des photographies de mariage, des photoreportages, photographies d’expositions, et ma spécialité, des photographies culinaires. Et quand il me reste du temps, je dessine et imagine des affiches qui sont en vente sur Etsy ! J’écris pour le blog, je raconte mes voyages et donne mes astuces et bonnes adresses. Bref, être freelance veut dire énormément de choses !

Mes conseils pour être Freelance

Être conscient des bas

On va commencer par ce qui fait peur, l’argent. Ou plus exactement le manque d’argent. Le statut d’auto-entrepreneur est idéal pour se lancer et vous permet de déclarer 72 500 euros par an ce qui est plutôt confortable. La réforme de l’ACCRE étant en cours au moment où j’écris, je ne peux pas vraiment en dire d’avantage mais selon votre région, département, situation (chômage, reconversion) il est possible d’avoir des aides financières et administratives, et même des formations. Cela vous aidera entre autre à apprendre à gérer vos rentrées d’argent, vos investissements et vos cotisations. Personnellement quand je me suis lancée, j’étais à découvert, je n’avais aucune économies et peu de matériel. Par contre j’ai des parents et un compagnon qui ont tout fait pour que je puisse me consacrer uniquement à mon entreprise en enlevant de mon esprit tous les soucis financiers. Pour mon compagnon ce fut un choix logique : soit je cumulais un job et mon entreprise jusqu’à arriver à gagner assez pour quitter mon job salarié (ce qui sous-entendait ne plus avoir de vie pendant plusieurs années), soit il assumait la plupart des frais de notre quotidien seul pendant un an pour que je puisse m’y consacrer entièrement. La deuxième option fut la bonne, un an plus tard et sans me priver une seule seconde (matériel photo, voyages…) je vis de mon travail. Si mon compagnon n’avait pas pu, j’aurais contracté un crédit car j’ai vite compris qu’avoir deux travails en même temps me ralentirait trop.

la vie perso et l’autodiscipline

Si ne pas avoir de patron fait effectivement rêver, ne plus prendre sa voiture tous les matins et tous les soirs… Et pourtant, beaucoup de gens ne sont pas capables de travailler seuls chez eux car cela demande énormément d’autodiscipline. Cela peut paraître idiot mais vous vous apercevrez que nous ne sommes pas vraiment poussés à l’autodiscipline et l’autonomie au cours de nos études, ni lorsque nous sommes salariés. Du moins la plupart du temps. Vous remarquerez que ceux qui se lancent dans l’entreprenariat autour de vous sont autonomes de nature. Si ce n’est pas votre cas, il vaut mieux apprendre à l’être avant de se retrouver submerger de travail. Cela veut aussi dire être capable de s’accorder des moments « OFF » car personne ne vous les imposera. Etre freelance ne signifie pas que nous sommes disponibles 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Quand on a une dizaine de clients par mois, c’est impossible de se plier aux horaires et au rythme de chacun d’entre eux…

Gérer la solitude

Et oui… Qui dit travail à la maison, dit aussi solitude. J’avoue ne pas savoir comment les gens qui ne travaillent que depuis chez eux gèrent la solitude. Personnellement, mon activité de photographe m’oblige à me déplacer minimum deux fois par semaine… Ma solution ? Je profite du fait d’habiter en ville pour aller travailler dans des coworkings et des salons de thé que j’aime beaucoup et dont je connais bien les gérants. Il est aussi important de se créer un réseau d’indépendants avec qui échanger sur tout et n’importe quoi. Mes amis entrepreneurs sont un soutien précieux au quotidien car ils comprennent chacune de mes galères administratives, on se raconte nos différents projets histoire d’avoir des avis avant de se lancer… Parfois on travaille aussi les uns chez les autres ! Bon sinon, j’ai aussi un chat.

Savoir se remettre en question

Car c’est ce qui nous permet d’avancer, d’imaginer, de grandir. J’avoue que c’est parfois éprouvant, parfois ça fait mal, mais c’est nécessaire. Chaque critique, qu’elle soit positive, négative ou issue de la jalousie des autres, se révèle utile. Si vous ne vous êtes pas encore lancés, préparez-vous à entendre « c’est risqué quand même, t’as pas peur pour ton avenir », « c’est un milieu difficile tu as peu de chance de percer ». Et quand vous réussissez « c’est pas si difficile, tout le monde peut le faire». Personnellement, ces phrases ne m’ont jamais découragée, bien au contraire ! Je me suis toujours dis « Tu verras dans un an quand mon entreprise me permettra de vivre aisément, si j’en étais pas capable ». Oui, j’avoue, la colère que j’ai ressentie face à la jalousie de certains m’a servie de moteur au lieu de me décourager. N’oubliez jamais que lorsque vous recevez des phrases blessantes comme celles-ci, les autres vous renvoient leurs propres peurs et leurs propres doutes.

Célébrer ses réussites !

Une de mes techniques pour ne pas baisser les bras quand je me retrouve dans le creux de la vague, c’est de célébrer chacune de mes petites et grandes victoires ! Un nouveau contrat ? Aller hop, au resto ! J’ai réussi à tenir mon planning de la semaine ? Un compte bancaire à cinq chiffres pour la première fois de ma vie ? J’envoie un texto à mes copains entrepreneurs et go boire une bière. Fêter ces petits évènements me conforte dans l’idée que j’ai fait le bon choix en créant mon entreprise. Je m’enthousiasme souvent pour tout et n’importe quoi ! En m’entourant d’autres entrepreneurs, je me suis aussi entourée de personnes qui comprennent pourquoi je m’extasie devant de beaux flyers même s’ils ne sont pas graphistes. J’ai aussi trouvé des gens avec qui je peux parler de mes réussites financières, ce qui est toujours assez mal vu en France…

Et 2020 ?

2019 m’a permise de prendre confiance en moi, de croire d’avantage en mes capacités et en mon imagination. En 2020, j’ai l’intention de développer tout ce que je n’ai pas eu le courage de faire avant, d’ailleurs certains de ces projets sont déjà en route et j’ai hâte de vous les partager. J’apprends aussi à demander de l’aide plus facilement, à faire confiance à ceux qui m’entourent et à écouter leurs avis. J’aimerais développer encore plus mon réseau d’entrepreneurs et travailler d’avantage avec eux. Bon évidement, ça serait bien que j’arrive à tenir un planning et à moins procrastiner (le combo canapé + chat + thé est parfois fatal… Oups). Côté perso, mieux organiser mon temps de travail me permet aussi de consacrer plus de temps au sport et à la danse ! Prendre aussi le temps de visiter un peu plus ma belle région, lire d’avantage…

Et vous, vous êtes entrepreneurs aussi ? Vous voulez être freelance? Quelles sont vos astuces pour équilibrer vie pro et vie perso ? Et si vous hésitez à sauter le pas, j’espère que ce retour d’expérience vous aura permis d’y voir un peu plus clair !