Lorsque l’on est freelance, on passe énormément de temps chaque mois à éditer des devis, répondre à des demandes de tarifs ou à démarcher. Il y a déjà un moment que j’ai fait le choix d’afficher clairement mes tarifs sur le site internet de mon studio. Pourquoi ? Parce que je n’ai strictement rien à cacher et surtout, je n’en ai pas honte, je ne me sens pas mal à l’aise. Cela peu paraître un peu abrupte mais je vais vous expliquer toutes les raisons pour lesquelles je ne négocie pas mes tarifs, et j’espère, qu’à la fin, vous comprendrez mon point de vue, que vous soyez freelance ou client !
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Avoir confiance en son travail
Il n’y a pas de secret, la confiance en soi est la clé de tout. Lorsqu’il s’agit de votre vie professionnelle, il s’agit surtout de connaitre votre valeur, votre expertise et vos compétences. Un prix élevé, ou du moins plus élevé que la moyenne, témoigne en général d’une certaine expertise. Inversement, les prix les plus bas sont ceux des juniors. Céder immédiatement lorsque le client tente de négocier peut vouloir dire plusieurs choses : vous aviez donné un tarif très élevé, vous n’assumez pas vos tarifs, vous n’avez pas confiance en vous ni en votre travail … Ou le pire des cas : vous êtes désespéré et votre client le sait. Il aura donc l’ascendant sur vous et ce n’est franchement pas une bonne chose. Malheureusement tout le monde n’est pas bien intentionné et d’autres freelances autour de moi en ont fait les frais.
Le syndrome de l’imposteur et les croyances limitantes
Ils sont sans doute les principaux ennemis de tous les auto-entrepreneurs. Croire que tout ce qui nous arrive est dû au hasard et non à notre travail, croire que nous ne méritons pas ce qui nous arrive. Ce qui est d’autant plus dommage c’est que le syndrome de l’imposteur est plus souvent présent chez les femmes. Quand on ne se sent pas méritant, on a tendance à refuser de nouvelles opportunités et on ne va pas au maximum de notre potentiel. J’entends souvent « Je ne peux pas demander ce prix là », pourquoi ? Certains appellent cela « un réflexe de pauvre » comme dirait Luchini. La formule n’est pas très agréable mais elle traduit ce réflexe très français de tout ramener au salaire minimum. Particulièrement présent parmi les classes moyennes et ouvrières, dont je suis moi-même issue. Cela m’est arrivé plusieurs fois de me dire « holala en deux jours j’ai gagné quasiment autant que mes parents en un mois » et avec le recul je ne vois pas vraiment en quoi cela pose problème. Cet argent n’a pas été volé, il est le résultat d’années d’expériences, de travail acharné et de compétences. Ce qu’oublient vite les gens autour de nous qui ne sont pas freelances c’est que nous prenons énormément de risques, que nous sommes précaires puisque nos revenus sont fluctuants, et que nous avons une entreprise à gérer avec toutes ses joies administratives. Alors oui, parfois nous gagnons plus que des salariés, mais tout est une question de choix, pas de chance.
Un tarif de base
Lorsque l’on est freelance, on détermine un tarif horaire minimum en fonction de nos charges, du coût de notre matériel, de nos logiciels et bien évidement du coût de la vie courante. J’ai passé de nombreuses heures à déterminer les prix les plus justes possibles afin que mes prestations restent abordables. N’oubliez pas que lorsqu’un freelance vous annonce un tarif, il y a déjà 20% de cette sommes qui revient immédiatement aux organismes de cotisations sociales, sans compter les mutuelles, complémentaires retraites et autres joyeuseries… Par exemple : lorsque je travaille en tant que photographe pour un mariage, mon tarif journalier est de 1000€ HT. Une fois les cotisations sociales retirées il ne reste donc 800€. Après la journée de mariage, j’ai en général trois jours de retouche, ce qui fait 200€ par jour, soit 25€ de l’heure si on part sur une journée type de 8h. Sans oublier qu’il faut encore retirer toutes les dépenses liées au fonctionnement de mon entreprise bien entendu. Vous comprendrez qu’il est extrêmement complexe pour moi de négocier quoi que ce soit en réalité et que lorsqu’on me demande de baisser à 700€, je dis tout simplement non …
Oui, le travail numérique a un prix
Même aujourd’hui, en 2020, à l’heure du tout numérique, énormément de gens considèrent que le travail numérique a moins de valeur financière que le reste. Même pire, dans mon cas par exemple, que « tout le monde a un appareil photo » sous entendu, tout le monde peut faire la même chose que moi. Balayant d’un revers de main mes diplômes et mon expérience, comme si l’accès au matériel faisait le talent. Spoiler alert, c’est faux ! Que vous soyez coach, photographe, ébéniste, couturier, web developper, votre travail a un prix, à vous de le défendre. Lorsqu’un client me demande de baisser mes tarifs, j’enlève tout simplement des lignes sur le devis. Le prix baisse pour le client, certes, mais je ne réalise pas le même travail donc c’est normal.
Éduquons ensemble nos clients
Parce que oui, cela fait aussi partie de nos métiers. Ceux qui font appel à nous ne connaissent pas forcément l’économie de travail dans laquelle nous évoluons, ni le coût de notre matériel, de nos charges et autres. Parfois, en expliquant très simplement et en détaillant nos prix, les clients comprennent plus facilement. C’est un travail que nous devons tous faire au quotidien et qui est dans l’intérêt de chacun d’entre nous. Tirer les prix vers le bas n’est une bonne chose pour personne, ni pour nous, ni pour nos clients qui de fait, ne comprennent pas la valeur de notre travail.
J’espère qu’à travers ces quelques lignes vous comprendrez pourquoi je ne négocie pas mes tarifs. À toujours vouloir tirer les prix vers le bas, on favorise surtout la précarité des autres freelances, et cela n’a pas de sens de travailler à perte. Cet état d’esprit me permet de croire en mon travail, mon talent. Je travaille aussi avec des personnes qui reconnaissent la valeur ajoutée que je leur apporte car ils n’ont pas cherché à négocier, et c’est extrêmement gratifiant. Cela me permet, chaque jour, d’avancer, de progresser, de croire en moi.